Les salariés de l'Eau et de l'Electricité au Maroc (ONEE)
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 D'une crise à l’autre: Leçons d’une expérience

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admine01




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MessageSujet: D'une crise à l’autre: Leçons d’une expérience   D'une crise à l’autre: Leçons d’une expérience EmptyLun 26 Mai 2008 - 15:39

Par Driss ALAOUI MDAGHRI, ancien ministre de l’Energie et des Mines
Il y a assurément quelques leçons à tirer de la crise de l’électricité du début des années quatre-vingt-dix. Cette crise présente un certain nombre d’analogies avec la situation actuelle. Elle en diffère, cependant, par sa soudaineté et sa brutalité, personne ne l’ayant vraiment anticipée, d’autant que la sécheresse avait contribué à la précipiter en raison de la non-disponibilité des infrastructures hydro-électriques. Je venais moi-même d’arriver au ministère de l’Energie et des Mines et la doctrine officielle, telle qu’on me l’a présentée alors, était qu’il y avait eu quelques retards dans les investissements de l’ONE du fait des restrictions budgétaires et des contraintes liées à une tarification à laquelle il était politiquement coûteux de toucher. Bien sûr, me disait-on, la construction des tranches I et II de la centrale de Jorf Lasfar, programmée depuis quelques années et dont j’ai eu le privilège de présider le lancement des travaux, devait apporter une solution au problème sur le moyen terme. Il a fallu que la crise fasse irruption sous forme d’effondrement d’une grande partie du réseau et de coupures récurrentes, par après, pour que la question attire l’attention des instances supérieures et soit abordée sérieusement.
Je me souviens d’un appel téléphonique de feu Hassan II, le jour même du black-out, où il a exprimé on ne peut plus nettement sa volonté de voir le problème réglé de manière structurelle. C’est ainsi qu’une stratégie globale de développement du secteur électrique a été pensée et formulée sur la base des études disponibles et des recommandations des différents partenaires concernés. Cette stratégie a fait l’objet d’un travail de fond qui a été sanctionné par d’intenses consultations au niveau du secteur et par deux réunions dont je garde un souvenir très précis: lors de la première, à laquelle ont assisté le Premier ministre, plusieurs conseillers royaux, et trois ou quatre ministres ainsi que le staff du ministère de l’Energie et des Mines et celui de l’ONE, j’ai eu tout le loisir d’exposer la nouvelle politique électrique du Maroc. Lors de la seconde, le Souverain, en personne, qui présidait la réunion et qui avait suivi avec un soin attentif toutes ces péripéties, a donné son accord sur le plan proposé. Je peux dire que tout cela ne s’est pas fait sans quelques tiraillements et quelques échanges de propos peu amènes pour rester dans les euphémismes.
Des réponses à court terme ont été apportées à travers des campagnes de sensibilisation à la rationalisation de la consommation électrique, au lancement du concept d’efficacité énergétique, l’achat de turbines à gaz, coûteuses, mais inévitables, et le recours intensif à l’interconnexion avec l’Algérie. Je dois dire que cette dernière a représenté un appoint significatif pour la satisfaction de la demande marocaine. Comme quoi, certaines formes de coopération sont tout à fait possibles entre les deux pays en dépit des divergences. Seule la proposition de modification de l’heure légale n’avait pas été retenue bien qu’elle figure dans le plan arrêté en raison de considérations, plus ou moins claires, liées aux traditions.
Au niveau structurel des actions d’envergure ont également été adoptées ou accélérées. Parmi les actions qui ont connu un coup d’accélérateur décisif, le gazoduc Maghreb Europe qui a profité de la fenêtre d’opportunité qui s’était ouverte du côté algérien avec l’UMA et du côté espagnol avec les décisions du gouvernement Gonzalez de stopper le programme nucléaire et d’introduire le gaz naturel dans le panier énergétique de ce pays. Est-il nécessaire de souligner que le gazoduc a favorisé le recours au cycle combiné pour la production d’électricité alors que la centrale de Tahaddart est aujourd’hui un des fleurons du réseau électrique marocain? De surcroît, le lancement de l’interconnexion électrique à travers le détroit de Gibraltar a bénéficié du même contexte. Pareillement, la situation a été mise à profit pour régler, pour un temps, le problème des arriérés des régies vis-à-vis de l’ONE, qui plombaient lourdement tout le secteur énergétique. Enfin, l’intensification du programme d’électrification rurale et le développement des énergies renouvelables faisaient partie du package de mesures adoptées.
Mais la mesure qui symbolise le mieux la volonté de changement et de réforme a certainement été la décision d’engager le processus de production indépendante d’électricité (IPP). Les premières négociations sont intervenues avec un groupe américain qui était le premier opérateur mondial d’IPP. Il était question alors pour ce groupe d’investir dans une nouvelle unité de 500 MW qui se serait ajoutée au parc existant. Mais après plusieurs mois de négociations et la signature d’un gentlemen’s agreement, cette option a été abandonnée pour confier les tranches I et II de Jorf Lasfar à un autre groupement à la suite d’un appel d’offres international. L’idée à l’origine est que l’IPP ne devait pas représenter plus de 40% de la production nationale. On sait que cela est largement dépassé aujourd’hui. De même, c’est de cette période que date la décision de recourir à la gestion déléguée pour la distribution à Casablanca, initiée dans la foulée par le ministère de l’Intérieur. Inutile de souligner que ces décisions ont nécessité des arbitrages et un engagement fort au plus haut niveau. Je ne veux pas tirer la couverture, mais à mon départ du ministère, que je souhaitais, pour des raisons sur lesquelles je préfère ne pas m’étendre, la crise était résorbée pour l’essentiel et la feuille de route claire. Il me semble néanmoins que nous péchons souvent par trop d’hésitations, qui peuvent parfois aider à bien peser le pour et le contre, mais qui font prendre du retard. Plusieurs exemples le prouvent amplement. Pour n’en citer qu’un seul, la négociation avec Sonatrach de conditions d’enlèvement de gaz supplémentaire en dehors de la redevance ou de son équivalent en gaz naturel, bénéficiait à l’époque de cette fameuse fenêtre d’opportunité qui s’est refermée, la décision ayant été prise de ne pas y recourir, par après. C’est dire qu’en ce domaine, les hésitations ne sont pas de bonne guerre. Il reste à la décharge des uns et des autres, même s’il est loisible de désigner les carences de celui-ci ou de celui-là, exercice qui plaît tant aux médias, que la détermination d’un optimum d’équipement est un exercice délicat et parfois aléatoire comme le montrent les exemples des nombreux pays dans le monde qui connaissent périodiquement des situations de crise de production électrique. Une croissance trop forte ou des aléas climatiques et vous êtes en manque. Une surcapacité et vous payez, si vous êtes un pays comme le Maroc dépourvu de ressources énergétiques autonomes et aux capacités de financement limitées, le coût exorbitant de votre endettement pour la construction de capacités non utilisées. Ajuster l’offre et la demande dans ce domaine est toujours un exercice risqué  de haute voltige. Pour ce qui est de la situation actuelle, s’il faut en croire les experts du secteur et les signaux envoyés à différents niveaux, il y a bel et bien risque de ne pas arriver à satisfaire une demande dopée par la croissance dans le proche avenir. Il est, de ce fait, impératif d’agir ou de continuer à agir rapidement sur trois fronts complémentaires (voir encadré).
Tout cela suppose une volonté politique forte et un ministère de l’Energie et des Mines qui ne joue pas les utilités. Pour l’anecdote, je trouve passablement cocasse le fait de faire présider le conseil d’administration de l’ONE par le Premier ministre.
Du temps où j’étais en charge de ce département, je présidais ledit conseil, ce qui a certainement permis la mise en place des actions citées. Mieux encore, il serait judicieux de confier la présidence au directeur général ou à une personnalité extérieure, à condition que le ministère assume pleinement son rôle de stratège, de pilote et de coordinateur de la politique énergétique du pays, dont l’électricité est une composante centrale avec le soutien actif du gouvernement et de son chef et l’appui des instances supérieures. L’ONE est un outil de grande valeur qui dispose de compétences techniques réelles, mais qui demande de la visibilité politique et financière dont l’Etat possède les clés.




Rationalisation, coopération, diversification


Les trois fronts sur lesquels il faut agir sont à mon sens:
- Celui de la rationalisation de la consommation d’électricité et de l’efficacité énergétique, non seulement à travers une coordination étroite avec les utilisateurs, notamment les industriels, mais également par des campagnes de sensibilisation aux économies d’énergie qui devraient représenter, pour un pays dépourvu de ressources dans ce domaine, une action permanente d’éducation.
- Celui de la coopération avec les pays voisins à travers le renforcement des interconnexions avec l’Espagne et l’Algérie. Outre ce que ce renforcement offre comme flexibilité d’utilisation pour les uns et les autres en raison des décalages des pics de consommation, il est de nature à conduire à la mise en place d’un véritable marché euro-méditerranéen de l’électricité.
- Celui de la diversification du panier énergétique du pays avec la poursuite de l’effort d’investissement dans des infrastructures - les turbines à gaz auxquelles on a recourt actuellement, je crois savoir, sont un pis-aller du fait des coûts de production élevés du kWh - susceptibles de résoudre le problème de manière relativement durable. Les énergies renouvelables, le nucléaire, quand la taille du réseau le permettra pour cet élément, ainsi que le gaz naturel en constitueront des composantes significatives à côté des énergies fossiles.
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