L’année dernière, le Premier ministre britannique David Cameron était en visite en la bonne ville de Plymouth. Profitant d’un moment de détente, il s’était dirigé vers un pub pour se faire servir une collation. Une longue file de personnes attendant leur tour… Cameron attendit alors à son tour, sans que personne de ceux qui le précédaient ne pense à lui laisser sa place. Il demanda alors à la serveuse de diligenter le mouvement parce qu’il était en retard. Réponse de la barmaid : « Vous attendrez votre tour, comme tout le monde »…
Une autre fois, le même Cameron était allé visiter un hôpital. Alors qu’il discutait avec des patients, un médecin était arrivé, la mine sombre, et avait fait évacuer les photographes qui accompagnaient le Premier ministre parce qu’ils n’avaient pas stérilisé leur matériel.
C’est ainsi que les sujets de Sa Gracieuse Majesté traitent leur chef du gouvernement, parce que telles sont les règles de la démocratie qui ne considèrent pas le Premier ministre comme un dirigeant suprême ou le symbole de la nation ou encore l’aîné de la famille. Il n’est qu’un fonctionnaire, haut certes, mais un fonctionnaire qui fait son job moyennant un salaire mensuel et une prime de responsabilité. Le reste ne compte pas.
La démocratie moderne a retiré au pouvoir la domination qu’il avait et la crainte qu’il inspirait ; les gens n’ont plus peur de leurs dirigeants. Le ministre, le président, le commissaire de police, le général, le chef des services secrets, l’inspecteur des finances… tous ne sont plus que des fonctionnaires au service du peuple, qui perçoivent un salaire à la fin du mois et agissent aux termes de la loi et non selon leurs humeurs et leurs intérêts … le pouvoir des temps modernes organise les sociétés humaines et n’est pas là pour accabler les populations, mais pour se mettre à leur service. L’autorité n’est pas conçue dans ces sociétés pour satisfaire les âmes faibles ou malades d’elles-mêmes ; les gens qui l’exercent ont une délégation pour accomplir une tâche précise, dans des délais préalablement convenus, selon des conditions prédéfinies et des garde-fous précis. Pour ceux qui s’écartent de ce chemin tracé, la loi est là, les médias veillent la justice se tient prête. Ce sont là les raisons qui ont conduit l’Occident là où il se trouve aujourd’hui, et c’est pour cela que la barmaid a éconduit le Premier ministre.