Assurer à tout moment une offre énergétique compétitive au service de l’économie nationale. Tel est l’objectif global que s’est assigné le département de la ministre de l’énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement, Amina Benkhadra, au titre de la nouvelle stratégie énergétique nationale. Une stratégie que la ministre a présentée et longuement développée lors d’un point de presse tenu hier au siège de son département à Rabat.
L’évolution de la demande nationale et les principales discontinuités possibles (équipement croissant des ménages, Plan Maroc vert, dessalement, nouvelles villes…), les atouts et les contraintes intrinsèques du Maroc, les caractéristiques économiques et techniques des technologies de productions ainsi que l’évolution prévue des coûts des combustibles sont les 4 éléments fondateurs de la nouvelle stratégie énergétique nationale, a affirmé Amina Benkhadra en préambule de sa présentation.
Contexte énergétique international et spécificité du secteur énergétique national ont tour à tour été abordés par la ministre pour d’abord souligner la hausse généralisée qu’ont connue les coûts des matières premières en général et ceux des produits énergétiques en particulier, avec notamment la flambée des cours du pétrole (50 S/baril au début de 2007 à 140 S depuis le début de juin 2008), et leurs incidences sur le Maroc eu égard à sa forte dépendance de l’extérieur (96%). Pour souligner ensuite l’accroissement drastique de notre facture énergétique (50 MM DH), les subventions des produits énergétiques qui, elles, ont atteint à fin 2007 le montant de 10,7 MM DHS et enfin l’accroissement soutenu de la demande (5% pour l’énergie et 8% pour l’électricité pour la période allant de 2003 à 2007 du faits des grands projets économiques et du Programme d’électrification rurale généralisée - PERG)
Dans ses grandes lignes, la stratégie énergétique proposée (2008-2030) repose sur le développement d’un portefeuille pragmatique et viable économiquement avec le choix prioritaire du charbon comme technologie de base, l’utilisation du gaz de redevance du Gazoduc Maghreb-Espagne (GME), principalement pour la pointe et la semi base, le lancement d’un programme national de qualification de sites pour le charbon, le déclassement progressif des centrales à fuel utilisées en base actuellement et intégrant trois sources supplémentaires d’appoint (éolien, interconnexions et hydraulique).
Au titre des scénarios alternatifs, l’option Gaz a dit la ministre restera ouverte avec le développement éventuel du gaz comme source plus importante pour la base en cas d’accès économique et sécurisé (contrat à long terme) à la molécule. Avec notamment l’exploration continue de l’option d’extension du GME, une éventualité sur laquelle, comme on a cru le comprendre, la ministre ne semble pas trop tabler. A noter que la redevance du GME est suffisante jusqu’en 2017-2020.
La ministre a souligné par ailleurs que cette nouvelle stratégie énergétique visera également le développement de l’éolien, l’organisation des interconnexions avec l’Espagne (une troisième interconnexion espagnole sera opérationnelle en 2011 pour augmenter la capacité commerciale à 1000MW) et l’Algérie (contrat pour une nouvelle interconnexion signé avec la Sonelgaz) avec comme objectif le transfert progressif d’une dépendance structurelle des interconnexions à une source d’arbitrage économique. Enfin, cette nouvelle stratégie dira la ministre vise l’optimisation des ressources hydro-électriques.
Pour la période allant de 2020 à 2030 Amina Benkhadra a précisé que les options stratégiques ouvertes au titre du scénario de base portent sur le nucléaire, sur les schistes bitumineux avec le développement de projets pilotes en s’appuyant notamment sur l’expertise estonienne et brésilienne, enfin sur le solaire et la biomasse.
A la question de savoir si d’éventuels délestages pourraient survenir durant cet été, la ministre a tenu de préciser que les capacités disponibles sont légèrement supérieures à la demande mais que des pannes au niveau des unités de productions pourraient se produire. C’est dire que le risque existe.
Jamal Hafsi
Albayane