L’ONE traverse une très mauvaise passe. A fin 2011, son résultat net a enregistré un déficit de 3,7 milliards de dirhams. Le résultat d’exploitation est déficitaire de 2 milliards de dirhams. Les comptes de l’office laissent apparaître un trou de trésorerie de 5,2 milliards et des charges financières en augmentation de
7,4 %, face à une chute de
27,6 % des fonds propres. Une situation peu reluisante pour l’office qui en fait l’un des très mauvais élèves des établissements publics du Maroc. Mis à part les spécificités liées à la gestion de l’office, cet état critique des comptes de l’office est causé par le fait que l’ONEE (suite à la fusion entre l’ONE et l’ONEP), vend l’électricité à un prix inférieur par rapport à celui de sa production. Résultat, l’électricité au Maroc est la moins chère dans la région, aussi bien pour l’usage individuel qu’industriel, comme l’a souligné le ministre de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement, Fouad Douiri, mercredi dernier à Casablanca lors d’une conférence débat sur les énergies renouvelables. Ce dernier ajoute que, « En excluant les pays pétroliers et la Bulgarie, l’électricité au Maroc est considérée comme étant la moins chère dans la région MENA, mais également dans le nord de la Méditerranée ».
130 milliards de DH d’investissements
Ainsi pour redresser la situation financière de l’office, Douiri a annoncé qu’un contrat programme sera finalisé d’ici la fin de l’année. « L’ONEE est un élément clé dans la politique énergétique nationale et le renforcement et la solidification de l’Office figure, avec le lancement du plan solaire, dans nos priorités pour les deux années à venir », a-t-il souligné. Le contrat programme prévoit ainsi une recapitalisation par l’État pour améliorer la rentabilité opérationnelle de l’ONEE. L’objectif est d’aboutir à un juste équilibre entre le prix de revient et le prix de vente. Un autre volet touchera la partie concernée par la caisse de compensation, puisqu’un ciblage sera opéré par les autorités pour définir la population qui nécessitera ces aides. Ceci concernera aussi bien les particuliers que les entreprises, ajoute Douiri. Pour rappel, la subvention de l’électricité assurée par le fuel de l’ONE coûte à l’État environ 5 milliards de dirhams. Quoi qu’il en soit, l’avenir n’est pas aussi morose qu’on pourrait le croire pour l’ONEE, selon Douiri. Ce dernier reste optimiste quant aux perspectives d’évolution de l’ONEE tout en précisant les différents projets sur lesquels il travaille. En effet, le portefeuille de projets énergétiques planifiés correspondant au développement des capacités de production d’électricité, pour la période 2012-2016, s’élèvent à 4,9 GW dont 2,7 GW à base d’énergies renouvelables. Le portefeuille des projets est d’une valeur consolidée de plus de 130 milliards de dirhams d’investissements. « Ce dernier offre des opportunités considérables d’investissements et d’activités pour l’ensemble des acteurs aussi bien les opérateurs producteurs, les fournisseurs que les prestataires, et apportent un stimulus économique très fort à l’économie nationale », a-t-il poursuivi, selon l’agence MAP.
Le Maroc mise sur le solaire
Pour ce qui est du programme solaire marocain, le ministre a indiqué que ce dernier vise à développer 2000 MW à l’horizon 2020, dont 500 MW sera produite par la centrale de Ouarzazate d’ici 2015. Ce projet à dimension internationale, nécessite un effort d’investissement en infrastructures de base (foncier, raccordement électrique, accès routier) d’un MMDH, dont une quote-part de 300 millions de dirhams pour la tranche 1 ainsi que des investissements, pour la réalisation de cette tranche 1 et en équipement, de prés de 7 milliards de dirhams, a-t-il poursuivi. Et d’ajouter que 20 % du financement sera assuré conjointement par le consortium saoudien ACWA Power International (75 %) et le MASEN (25 %) et 80 % en dettes sous forme de financement confessionnels auprès des bailleurs de fonds internationaux, entre autres, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement et l’Agence Française du Développement. La mise en œuvre du programme Intégré d’Énergie Éolienne (PEI) a été largement entamée, a d’autre part relevé le ministre, ajoutant que ce programme bénéficie d’un soutien, au plus haut niveau, de l’État, d’un cadre législatif et institutionnel attractif, des compétences et capacités marocaines dans ce domaine ainsi que de la confiance des organismes et des bailleurs de fonds internationaux.
42 % de l’énergie sera verte en 2020
Douiri a, par ailleurs, rappelé les objectifs de la stratégie nationale énergétique en matière d’énergies renouvelables et qui ambitionne d’atteindre, à l’horizon 2020,
42 % de la puissance électrique installée de sources renouvelables (dont 2000 MW en énergie solaire et 2000 MW en énergie éolienne) et 2,5 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) d’énergie fossiles économisés. Cette stratégie vise également à éviter l’émission de 9,5 Millions de tonnes de CO2 et une intégration industrielle par création de nouvelles filières générant plus de 13 000 emplois au Maroc.
Mohamed Amine HAFIDI