CASABLANCA - Le directeur du journal arabophone Al Massae, Rachid Niny, a comparu de nouveau mardi devant un tribunal à Casablanca où il est poursuivi notamment pour "désinformation", dans un procès auquel ont assisté plusieurs avocats étrangers.
M. Niny est poursuivi en état de détention après avoir écrit plusieurs articles dans lesquels il a critiqué la Direction de la surveillance du territoire (DST, les renseignements marocains) et appellé à ce qu'elle soit contrôlée notamment par le parlement.
Une vingtaine d'avocats étrangers, dont des français, des belges et des tunisiens ont assisté à l'audience.
Au cours d'une conférence de presse tenue mardi à Casablanca, ces avocats ont déclaré que "ce procès est celui des droits de l'homme et de la liberté d'expression".
"Nous sommes venus à la demande d'Al Massae et nous n'avons pas de leçons à donner aux autorités judiciaires marocaines", ont-ils ajouté.
L'audience de mardi a été caractérisée par la demande de la défense d'accorder une salle plus grande pour accueillir "les avocats, les journalistes et le public".
Le tribunal de première instance de Casablanca, où Rachid Niny est jugé, lui a plusieurs fois refusé la libération provisoire.
Le directeur d'Al Massae, un des plus importants tirages de la presse marocaine, est notamment accusé d'avoir "méprisé des décisions de justice" et dénoncé des "crimes qui n'ont pas eu lieu", selon l'accusation.
"Ce dossier est honteux" et "va à contre-courant des réformes en cours au Maroc", a déclaré son avocat, Me Khalid Sefiani. "Les avocats se demandent pourquoi l'accusé est poursuivi sur la base du code pénal, (alors qu') il existe un code de la presse", avait déclaré à l'AFP Me Sefiani.
Le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a dénoncé cette arrestation. L'organisation de défense de la presse Reporters sans frontières a également condamné le placement en garde à vue de M. Nini, demandant sa "libération immédiate".
Des journalistes d'Al Massae, cités par Reporters sans frontière, affirment eux que Rachid Nini a dénoncé la "corruption" et "mis en cause Ali Fouad el Himma", un proche du roi et "publié des informations" sur un responsable sécuritaire.
Le quotidien Al Massae publie 113.400 exemplaires par jour, selon l'Organisme de justification de la diffusion (OJD, Maroc).
Par AFP