Les salariés de l'Eau et de l'Electricité au Maroc (ONEE)
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 Aux origines de l’empire UMT

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salah




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MessageSujet: HISTOIRE UMT   Aux origines de l’empire UMT EmptySam 28 Nov 2009 - 14:10


En excluant son adjoint Mohamed Abderrazak des rangs de l’UMT, Mahjoub Benseddik abat sa dernière carte pour sauver sa propre tête et éviter la chute du premier syndicat marocain. Par Karim Boukhari


Le sort de Mohamed Abderrazak a été scellé le 12 mars dernier. Ce jour-là, le conseil national de l’Union marocaine du travail se réunit à Casablanca, sous la présidence de Mahjoub Benseddik. C’est là que le comité des sages décide, à la surprise générale, de "démissionner" Mohamed Abderrazak, absent de la réunion.



Une source proche de Benseddik nous explique que "le conseil national de l’UMT a considéré Abderrazak démissionnaire du moment qu’il ne participait plus aux instances de décision depuis près de dix ans. En plus, il est malade et a besoin de se reposer". Dans les coulisses, on chuchote que "Abderrazak est atteint de la maladie d’Alzheimer qui lui a fait perdre la mémoire". Amnésique, Abderrazak ? Peut-être, mais pas trop. Immédiatement informé par l’un de ses proches, Abderrazak, de sa villa casablancaise, se dit "déçu mais pas surpris par la décision de Benseddik". Il prépare alors la riposte. Son licenciement-surprise donne un coup de fouet à son état de santé. Le grabataire, dès le lendemain, rejoint son QG à la maison de l’électricien, dans le cœur de la ville blanche. Et il retrouve toute sa mémoire ! "Le conseil n’est pas habilité pour m’exclure, ce n’est pas une instance élue par le congrès", dit-il à ses proches. Il sait que le temps peut jouer pour lui. Il chauffe les siens, qu’il charge de propager la nouvelle de son licenciement. Et il attend les retours. Le 25 mars, il réunit les siens dans son fief de la maison de l’électricien quand la secrétaire vient lui apporter une carte de visite : Omar Benseddik, le fils de Mahjoub, l’attend dans l’anti-chambre. Il demande audience. "Regardez, fait Abderrazak à ses amis, voilà que Si Mahjoub m’envoie à présent son fils pour rattraper le coup. À moins que le fils ne soit venu jusqu’ici pour se plaindre des errances de son père !". Pendant ce temps, et à quelques encablures de là, cette fois-ci au siège central de l’UMT, la fédération nationale des travailleurs de l’énergie, une dépendance de l’ONE, rassemble son staff dirigeant, auquel ne manque que le seul Abderrazak. La fédération se fend d’un communiqué surprenant : "Prenant acte de l’absence prolongée d’activité syndicale régulière au sein de l’office (ndlr : ONE), et tout en exprimant ses remerciements au camarade Abderrazak pour son dévouement et sa fidélité à l’unité syndicale (…)". Le texte sous-entend le licenciement d’Abderrazak mais en le "remerciant" et en rappelant son action pour l’unité syndicale. Derrière des formulations ampoulées, les syndicalistes invitent Abderrazak et sa garde rapprochée à ne rien tenter pour créer leur propre syndicat. C’est ce que nous confirme une source proche de la centrale syndicale : "Les dirigeants de l’UMT savent parfaitement que l’exclusion d’Abderrazak n’est ni élégante, ni légale. Ils l’invitent pourtant à garder son calme et à ne rien faire. Un congrès aura lieu en mai prochain pour élire son remplaçant". Pourtant, en début de semaine, un autre communiqué émanant de cette même fédération des travailleurs de l’énergie insiste sur "la campagne sauvage contre la personne de son secrétaire national, Mohamed Abderrazak, injustement accusé de tous les maux (…)".




Un monstre à deux têtes
La guerre fratricide qui oppose Benseddik à Abderrazak a une explication, voire plusieurs. Les deux hommes sont, depuis toujours, muets comme des carpes. Mais dans leurs entourages respectifs, les langues se délient. Pour le clan Abderrazak, "Benseddik est un homme qui a perdu la raison et qui ne se maîtrise plus". Le vieux leader de l’UMT, 82 ans en mai prochain, se fait rare. Il réduit ses apparitions publiques au strict minimum et écourte ses discours à leur plus simple expression "parce qu’il ne peut pas longtemps tenir debout". On n’hésite plus à comparer Benseddik à un Habib Bourguiba qui, à force de faire le vide autour de lui, a fini par prendre les décisions qui allaient causer sa perte… "Comment, s’exclame un proche d’Abderrazak, peut-on parler d’absentéisme quand on sait que l’UMT ne réunit ses instances qu’épisodiquement et que chacun se contente de gérer sa chasse gardée". Le clan du syndicaliste déchu murmure que "Benseddik est venu un jour demander à Abderrazak de monter une société de nettoyage au profit de sa fille aînée. Abderrazak n’a dit ni oui, ni non. Mais il n’a rien fait. Et Benseddik, depuis, lui en veut personnellement". Si Abderrazak n’a pas donné suite à la demande de Benseddik, ce n’est pas par amnésie lacunaire consécutive à sa maladie d’Alzheimer, mais parce que, nous assure-t-on, "il possède sa propre société de nettoyage, qui rapporte gros et il n’a pas l’intention de partager le gâteau avec un concurrent qu’il aurait lui-même crée !".
Le clan Benseddik apporte, bien entendu, un tout autre son de cloche. "Cela fait plusieurs années que Mohamed Abderrazak est sur la sellette, nous expose un proche du numéro 1 de l’UMT. Son nom est régulièrement évoqué dans les scandales financiers de la CNSS et du CIH. Même ses proches (ndlr : la fille d’Abderrazak a été, il y a quelques semaines, au centre d’une affaire de mœurs qui s’est soldée par l’assassinat d’un gros dealer de drogue, objet d’un avis de recherche national) ont fini par l’éclabousser". En plus simple, Abderrazak est invité à s’éclipser avant que les scandales financiers qui remontent à la surface n’éclaboussent toute la centrale, emportant au passage son zaïm historique, Mahjoub Benseddik.

Anticiper sur les scandales
C’est cette dernière explication qui tient la route, pour le moment. Abderrazak a plusieurs laits sur le feu et ses ennuis judiciaires ne font peut-être que commencer. L’homme était à la tête du conseil du COS (Comité des œuvres sociales) de l’ONE et siégeait en même temps au conseil de la CNSS. C’est lui (lire encadré) qui a lancé les grands chantiers de ces deux organismes, en procédant à la construction des polycliniques de la CNSS, mais aussi les centres de vacances de l’ONE, ainsi que des villas et des logements sociaux. Des ardoises ont été laissées ici et là auprès des créanciers, notamment au CIH. En 2000, déjà, la chambre des représentants mandate une commission d’enquête sur les milliards engloutis, ou non remboursés, par les clients de la banque d’État. Abderrazak, en tant que dirigeant du COS, est convoqué. Comme cela nous a été confirmé par une source parlementaire, il choisit de ne pas répondre à la convocation. La loi l’y autorise. Mais une brèche est ouverte. Benseddik et son éternel adjoint comprennent que le compte à rebours a commencé. En 2001, ils procèdent à la publication d’un "livre noir sur la CNSS" où il est dit, grosso modo, que l’État est responsable de "l’égarement" de 30 milliards de dirhams provenant des cotisations des assurés. Une façon, déjà, d’anticiper sur les scandales à venir en se couvrant au maximum. Mais l’attaque se précise. Et Benseddik, au lieu de lâcher son éternel adjoint, choisit de résister contre la tempête. Le nom de Mohamed Abderrazak revient ainsi comme une ritournelle dans les salons de Casablanca, mais aussi de la capitale. En 2002, une deuxième commission d’enquête parlementaire, représentant cette fois-ci la chambre des conseillers, est mandatée pour piocher dans les ardoises de la CNSS. Abderrazak est de nouveau convoqué. La loi, qui a été amendée entre-temps, l’oblige à répondre à sa convocation. Il sera, lui et d’autres dirigeants des COS, entendu par les enquêteurs. L’affaire ne s’arrête pas là, puisqu’elle sera portée, quelque temps plus tard, devant la Cour spéciale de justice...
Benseddik, qui craint un retour de flammes, met une certaine distance entre lui et son "ami de toujours", Abderrazak. L’UMT, alors, porte mieux que jamais son surnom de hydre à deux têtes. Les deux leaders, vieux et malades, gèrent leur petit monde par personnes interposées, entre deux séjours à la clinique.
Malgré son calme apparent, l’année 2003 porte l’estocade aux rapports conflictuels entre les deux hommes et rajoute une couche de plomb dans l’atmosphère déjà lourde de l’UMT. Entre autres scandales en cours, deux affaires concernent la centrale syndicale, et tout particulièrement son numéro 2. À Casablanca, le CIH menace de "vider" les propriétaires de villas acquises à Aïn Diab, acquises par le biais du COS de l’ONE. À Rabat, on décide quelque part de donner le feu vert à ce qui allait devenir le feuilleton "Laâfoura-Slimani and co". Dans les deux cas, le nom de Abderrazak apparaît, parmi la multitude de personnalités concernées de près ou de loin.
Des sources fiables font état, depuis plusieurs semaines, de la convocation de Mohamed Abderrazak dans les suites du procès des hommes de Basri. Ces mêmes sources rajoutent que "Benseddik, en lâchant son adjoint, joue sa dernière carte pour préserver l’UMT et sauver sa propre face". D’où l’appel au calme réitéré par les hommes de Benseddik à l’adresse du clan Abderrazak. Une façon, comme nous le résume une source à l’UMT, "de limiter les dégâts pour tout le monde, l’UMT comme ses deux figures de proue". La suite des événements nous indiquera si cette stratégie aura été la bonne…










Histoire : Aux origines de l’empire UMT

L'Union marocaine du travail, qui a vu le jour en 1955, a récupéré le réseau et l’infrastructure de la puissante CGT (Confédération générale des travailleurs), qui contrôlait l’activité syndicale dans le Maroc colonial. Son rôle essentiel dans l’histoire syndicale, mais aussi politique du royaume, est lié à cet héritage initial. À l’avènement de l’indépendance, l’UMT est pratiquement la seule institution réellement implantée à travers tout le pays. Avec ses 600.000 membres, elle fait de l’ombre même aux corps de l’armée, ou de la police, alors en gestation. "Pour l’anecdote, nous raconte un témoin de l’époque, ce sont les agents de l’UMT qui prenaient le relais des policiers pour organiser, un brassard au bras, les flux de la circulation automobile dans les villes". La centrale est alors l’objet d’une attention particulière, aussi bien de la part du Palais que des partis politiques. En 1959, Mahjoub Benseddik, son fondateur, à l’origine un simple cheminot, participe à la création de l’UNFP, en compagnie des Ben Barka, Bouabid et autres Abdellah Ibrahim. L’UMT bascule de facto dans le giron de l’UNFP, alors la seule force d’opposition au Palais. L’Istiqlal réagit en créant sa propre centrale, l’UGTM, mais l’essentiel des salariés du Maroc indépendant garde la couleur UMT.
Le Palais, sous la conduite du prince Moulay Hassan, comprend très vite que le trône alaouite restera sous la menace directe de l’UNFP de Ben Barka, tant que celui-ci disposera d'une "armée" à ses côtés : celle de l’UMT. Le travail de sape entrepris portera ses fruits dès 1962, année de la rupture entre le syndicat et le parti, ce qui ouvrira la porte à la chasse aux derniers opposants. Benseddik, depuis, se range derrière une neutralité politique qui préserve le syndicat contre les foudres du Palais, mais le vide, petit à petit, de sa substance.
En 1978, des dissidents de l’UMT s’organisent autour de Noubir Amaoui et fondent leur propre centrale, la CDT. L’UMT, sans être une coquille vide, se cramponne alors à ses secteurs fondamentaux : l’énergie via l’ONE et la CNSS. Elle transpose l’essentiel de ses activités du politique vers le social et le développement. C’est là qu’intervient le n°2 de la centrale, Mohamed Abderrazak, un fils de Settat, de 4 ans le cadet de Benseddik. Directement ou par ses hommes de main, il est le "père" des 13 polycliniques de la CNSS et des COS de l’ONE, via l’argent des syndiqués. En architecte du développement par le social, il s’est construit un véritable empire financier dont l’équipement et la maintenance sont assurés par des sociétés intermédiaires. L’œuvre, controversée, constitue dans tous les cas le dernier vestige de la puissance passée de l’UMT.

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